Les Flèches
INTRODUCTION
Jusqu’au début du XXème siècle, on a presque exclusivement utilisé du bois pour fabriquer les flèches.
Peu à peu, les matériaux modernes l’ont tranquillement supplanté au point qu’il avait quasiment disparu des compétitions au milieu des années 80.
A cette époque, tout du moins en France, il était très difficile de trouver des fûts bois de qualité. Et encore, dans un panel d’essences plus que restreint. Avec nos long bows et nos flèches en bois, on passait un peu pour des extra terrestres ou plutôt des passéistes tardigrades.
Le monde a bien changé.

A l’heure actuelle, petit croche pied à la course à la modernité, l’engouement pour le tir à l’arc traditionnel a poussé de courageux artisans européens à se lancer dans la confection de fûts de flèche d’excellente qualité, aussi y a-t-il maintenant une offre assez variée d’essences de bois, des plus lourds aux plus légers.
Ainsi, un archer qui ne pratique que le tir 3D s’orientera plutôt vers des flèches solides et bien visibles. Les distances de tir n’étant pas très longues, on peut s’autoriser des flèches plus lourdes et plus solides comme le pin. A courte distance, l’impact d’une flèche avec la mousse compressée de certaines cibles 3D est vraiment traumatisant pour le fût.
– Observer attentivement, en le ployant légèrement en le faisant tourner dans la main, le 1/3 avant de ses fûts afin d’y déceler des traces de compression ou des micro fentes. Certains bois comme le cèdre peuvent y être sujet. –
En cas de tir manqué, il y a également les risques liés à l’environnement de la cible. Caillou, graviers, mur, arbre, bouse de vache…
Pour le beursault ou le tir en campagne, on optera peut-être pour un bois plus léger comme le sitka.
Le fûts peuvent être encore allégés en les affinant vers l’arrière (tappering) et/ou également vers l’avant. Non seulement le fût est allégé, mais son FOC est avancé. (Front Of Center : point d’équilibre de la flèche).
Quel plus joli cadeau qu’un beau jeu de flèche personnalisées pour l’anniversaire de sa chérie qui commence à bien maîtriser son long bow ?



Quelles sont les étapes de fabrication d’une flèche traditionnelle ?
1. Discussion avec l’archer
Tout commence par un échange avec l’archer. Cette étape permet de cerner ses besoins et attentes : type de pratique (chasse, beursault, 3D…), style de tir, préférences esthétiques, choix des matériaux, type de finition.
C’est un moment essentiel pour orienter chaque décision technique et garantir une cohérence entre la flèche et son utilisateur.
2. Tri des fûts
Les fûts en bois bruts sont soigneusement inspectés un à un. Leur rectitude est vérifiée, et si nécessaire, ils sont redressés à chaud ou à froid selon la nature du bois.
Chaque fût est ensuite spiné (test de rigidité) et pesé, afin de constituer une série homogène.



3. Détermination du côté de l’encoche
Chaque fût est spiné des deux côtés : le côté le plus résistant sera celui qui recevra la plume coq, garantissant une meilleure stabilité en vol. Les fûts sont calibrés avec une précision de ± 1# pour le spine et ± 0,5 g pour le poids, afin d’assurer une régularité maximale.

4. Préparation du bois
Vient ensuite le ponçage minutieux des fûts, suivi de l’application d’une première couche de vernis protecteur. Cette finition contribue à la durabilité et à l’esthétique de la flèche.
Après séchage, un premier égrainage est effectué, puis une deuxième couche de vernis est posée.
Un nouvel égrainage vient affiner la surface avant l’application d’une troisième et dernière couche de vernis, pour un rendu lisse et soyeux.

5. Vérification intermédiaire
Avant le montage, chaque fût est à nouveau contrôlé. Si besoin, de légers redressages sont réalisés pour corriger les éventuelles tensions apparues après séchage.


6. Pose de l’encoche
L’encoche est installée avec précision, qu’elle soit en plastique moderne, en matériau naturel ou taillée directement dans le bois (self nock). Elle doit être parfaitement alignée avec le spine pour optimiser la sortie de flèche.


7. Pose de la pointe
Les pointes, choisies selon l’usage (cible, chasse, reconstitution historique…), sont collées et ajustées avec soin, garantissant équilibre et durabilité.


8. Pose de l’empennage
C’est l’une des étapes les plus délicates et esthétiques : collage des plumes (oie, dinde, ou autre), détermination de leur taille, de leur profil et de leur orientation. Si souhaité, des techniques avancées comme le feather splicing ou le cresting peuvent personnaliser davantage chaque flèche.


9. Dernières vérifications
Chaque flèche est contrôlée une dernière fois : poids, rectitude, équilibre et finitions. Ce passage final permet de s’assurer que toutes les flèches de la douzaine forment un ensemble harmonieux et homogène.

LES OPTIONS
On peut rajouter beaucoup d’étapes de travail selon le degré de finition qu’on veut apporter à ses flèches.
Je vais vous les expliquer dans l’ordre où je les ai apprises.
L’encoche rapportée en corne ou en bois dur
De l’ensemble de la flèche, c’est l’encoche qui subi en premier la poussée de la corde. Elle passe presque instantanément de 0 à 60 m/s. Il faut donc qu’elle soit solide et que la corde ne traverse pas la flèche à la décoche. Pour cela, avant les encoches en plastique, les artisans inséraient une lame de corne ou de bois dur à l’arrière du fût parallèlement aux fibres du bois et taillaient l’encoche perpendiculairement. Une ligature en tendon ou en fil apportait un renfort supplémentaire.
Il existe plusieurs manières de réaliser l’insertion.
- Enture simple
- Enture triple
- Encoche à soie.
Avant fût en enture ou fût en queue de billard
La première fois que j’ai vu un avant fût en queue de billard, je suis tombé en extase.
J’en ai cherché, cherché… En vain.
Je n’avais plus qu’une solution : les faire moi même.
A force de lectures, de rencontres et d’observation attentive de flèches anciennes, j’en suis venu à bout, même si le process est perfectible.
Enture « 4 ailes »
Faire 4 rainures à 90° sur une longueur de 10 à 12 cm » chacune. Le fût fermement calé dans un support à la pente désirée, je démarre la défonceuse en affleurant la fraise à 10/12 cm de l’extrémité pour finir au bout un tout petit peu au dessus du milieu du fût. 1/4 de tour et je recommence.
A la fin, on a 4 rainures qui forment une croix à l’extrémité du fût. Plus la croix sera fine, plus belle et plus longue sera l’enture.
On prend un carrelet de bois dur d’une section légèrement supérieure au fût, 2 traits de scie au milieu de 5 à 10 mm plus profonds que la longueur de la rainure la plus longue sur le fût. Veiller à ce que les 2 traits de scie soient rigoureusement à la même profondeur pour un collage optimum.
Poser 2 petits serre joints à l’embase des traits de scie pour éviter que le bois fende , écarter les 4 ailes du carrelet enduire de colle, encoller également les 4 rainures du fût, emboiter les ailes dans les rainures, finir au maillet pour que le fût soit bien au contact du carrelet. Ligaturer tout ça avec de la ficelle ou de l’élastique en mettant bien en place chaque aile dans sa rainure, surtout en bout.
Laisser sécher et démouler.
Il ne reste plus qu’à réduire le carrelet au diamètre du fût et le tour est joué.
Bienvenus au club.
Ce sont des discussions enragées entre les facteurs de flèches sur les différentes méthodes pour réduire ce fichu carrelet à la taille requise, si possible sans trop se fatiguer.
Ce qu’il en ressort ? Ça reste long à faire, mais le jeu en vaut la chandelle.
On n’a vraiment pas envie de tirer une flèche pareille. Un caillou, un vieil insert ou pointe resté dans la stramit alors là, tu pleures.
Oui, mais voilà. Une flèche c’est fait pour être tiré. D’autant plus si elle est bien faite. Et puis j’ai lu et on m’a déjà dit qu’un avant fût en bois dur sert avant tout à renforcer la flèche. 90 % des fractures de flèches en bois se fait au ras de la pointe. Avec un bois très dur, le risque de casse est beaucoup moins élevé.
Pour voir si c’était vrai, j’ai construit il y a 5 ans trois flèches lourdes (34 grammes) en pin 5/16 avec enture en ébène que je tire avec un recurve de 45#. Elles ont des milliers de tirs, ont subi et subissent toujours les derniers outrages en billebaude et n’ont pas bronché. Ce sont mes flèches les plus solides.
Enture à trois ailes
Cette fois ci, j’utilise une fraise de 120° et je fais 3 entailles à l’extrémité du fût.
Cette fois ci, on travaille le carrelet avant la pose.
Tout d’abord on le transforme en tourillon du même diamètre que le fût, puis on lui fait subir le même sort que le fût.
On a 2 entailles identiques qui s’emboîtent parfaitement. (si tout se passe bien).
On colle, on ponce et le tour est joué.
Le cresting
Il s’agit de décoration du fût.
En règle générale ce sont des bandeaux et anneaux de couleur que l’on essaye d’harmoniser avec l’empennage.
Avant d’investir dans une petite machine pour faire tourner le fût, je le faisais rouler sur des roues de lego montées en quinconce sur une plaque. Le caoutchouc des roues lego empêche tout glissement latéral.
Le feather splicing
C’est l’insertion de barbes de différentes couleurs sur une seule plume. Un petit travail bien tranquille qui demande juste un peu de minutie beaucoup d’imagination (c’est le plus long).
Le tapering
C’est l’affinage des fûts vers l’arrière.
En général je fais mon tapering sur une longueur de 12 à 14 pouces. Un fût de 11/32 descend à 9/32 ou 1/4.
Le tapering agit sur plusieurs paramètres.
Tout d’abord, on allège le fût. Comme on a enlevé du bois à l’arrière, le FOC avance alors on peut mettre une pointe plus légère. Autre avantage, l’arrière de la flèche ayant moins de masse à déplacer, elle se redressera plus vite en sortie d’arc qu’un fût parallèle (paradoxe de l’archer). Enfin, l’arrière étant plus fin, les turbulences sur le fût et derrière la flèche sont moindres. Avec une bonne décoche, on peut se permettre un empennage bas, voire très bas.
On peut faire la même chose sur l’avant.
Je descends alors à 5/15 ou 9/32 sur une longueur de 5 pouces.
Généralement, mon tapering arrière fait 12 pouces
Jean François, un archer tourangeau m’a un jour offert un ensemble de flèches de beursault fabriquées par son grand-père, alors jeune homme, dans le Nord de la France. Ça nous emmène aux alentours de la première guerre mondiale.
Il m’a raconté que son grand-père disait : « il faut toujours tirer le beau flèche… »
J’ai également lu quelque part qu’Howard Hill disait : » Tirez toujours votre meilleure flèche. Vous manquerez peut-être, mais vous aurez fait un bon tir. »
LES TARIFS
Je dialogue beaucoup avec les archers afin qu’ils aient un jeu de flèches à leur convenance tant sur les couleurs que sur le degré de finition et sa pertinence à l’usage.
Tous les fûts sont soigneusement sélectionnés, spinés à 2# et pesés à 1 gramme près.
Selon disponibilité, différentes essences sont proposées en fonction de l’usage des flèches.
> Compétition, loisir, chasse, décoration, cadeau… : Spruce, épicéa sitka, cèdre, pin, autre.
> Flèche match simple : Fûts sélectionnés et vernis, encoche plastique, pointe, empennage. Spine +/-1#, poids +/-0,5g. 14€ (± 2€ selon l’essence choisie).
> 6 flèches : 80€
> 12 flèches : 160€ et 13 à la douzaine
> Cresting sur le fût: 5€
> Tapering arrière : 5€
> Barreling : 7€
> Enture avant (queue de billard) 3 ou 4 « ailes »: 20€
> Enture avant avec assortiment d’essences de bois : 15€/essence.
> Encoche en corne ou bois précieux (enture) : 7€
> Encoche en corne montée « à soie » ou en bois montée à douille: 5€
> Enture avant (avant fût queue de billard ) et encoche corne/bois précieux montée en enture : 25€
> Pointe « à soie » 2€
> Splicing sur les plumes : 1€/couleur/plume
> Blason personnalisé : 1€
> La flèche « haut de gamme » : 50€/pièce, 120€ le jeu de 3 flèches
Devis sur demande
